Le Tram, acteur majeur de la ville de demain ?
En bref
Il peut être périlleux de monter des projets sans en prévoir les autres extensions possibles. La gratuité ? Le transport des marchandises ? L’intermodalité ? …
Plusieurs questions vont se poser, à plus ou moins brève échéance
Peut-il être gratuit ?
Gratuité totale ou partielle ? quels effets pour les usagers ? quel impact sur l’environnement ? Quelles conséquences financières et pour qui ?
Pour beaucoup, la gratuité doit devenir une conquête sociale dans un système marchand, tout comme l’ont été l’Education et la Santé ? Le transport collectif peut-il devenir un véritable service public ? En bref, la gratuité est-elle souhaitable et faisable ?
En France, la ville championne de la gratuité totale est Dunkerque : Patrice Vergriette, son maire, a bien posé ses objectifs :
« Non seulement on redistribue du pouvoir d’achat mais on gomme des inégalités pour accéder plus facilement à l’emploi, aux loisirs. On crée du lien social et il y a un impact écologique. »
les arguments des partisans sont clairs et puissants :
- enjeu social de la gratuité, outil d’équité sociale assurant un gain de pouvoir d’achat significatif pour les plus précaires, non discriminante, plus claire que la tarification sociale.
- enjeu écologique, tout abandon de la voiture individuelle pour le transport collectif va dans le bon sens.
- enjeu économique, la gratuité augmente la fréquentation et donc la rentabilité de l’investissement public. La revitalisation attendue des centres-villes peut favoriser le développement d’un commerce de proximité, amener de nouvelles populations, et créer de nouvelles ressources fiscales.
les arguments des opposants le sont aussi :
- le défi financier : Caen la mer a récemment effectué une étude précisant l’impact financier de la gratuité totale : son coût serait – chaque année – de 25 à 28 millions d’euros … cumulant la perte de recettes et le surcoût lié au surplus – souhaité – de fréquentation.
Opposés à la gratuité totale, les acteurs clés du transport public (la Fédération nationale des Associations d’usagers des Transports ‑FNAUT‑, l’Union des Transports Publics ‑UTP- le Groupement des Autorités Responsables des Transports ‑GART-) craignent que la qualité et l’amélioration du service ne soient plus assurées face à ce surcoût annuel.
Les associations d’usagers, elles aussi, privilégient une amélioration du service à la gratuité totale.
- le faible impact sur le transfert modal, de l’automobile aux transports en commun. C’est ce que peuvent faire craindre les expériences en cours dont les premiers résultats sont encore difficiles à évaluer ; on pourrait même observer un report imprévu (non souhaitable ?) des cyclistes et piétons vers les transports en commun.
- l’existence déjà ancienne d’une tarification sociale, qu’il serait en revanche possible d’étendre (par exemple aux jeunes de moins de 26 ans)
Les services de Caen la mer ont récemment rendu une étude précisant l’impact financier annuel de la généralisation de la gratuité : le déficit de trésorerie serait de 12,4 à 14,4 millions d’euros. Le coût global, incluant les charges supplémentaires liées au surplus (voulu !) de fréquentation du Tramway porterait ce surcoût dans une fourchette de 22 à 28 millions d’euros, chaque année.
Peut-il fonctionner en solo ?
Le tramway est surtout présent en ville. Or une proportion très importante de trajets automobiles sont liés à l’étalement urbain, très marqué dans notre territoire : pour venir travailler, faire ses courses, accéder à l’offre de soins, aux équipements culturels … d’où les engorgements, les problèmes de stationnement.
Comment faciliter à tous ces usagers de la voiture l’usage du Tramway ?
Les solutions doivent être pensées maintenant pour préparer le défi de l’intermodalité, c’est-à-dire le passage simple d’un mode transport à l’autre, pour une mobilité plus rapide, plus économique …
Ces solutions vont des Pôles d’Echanges Multimodaux où l’usager pourra passer d’un moyen de transport à l’autre sans perdre de temps, en toute sécurité … à la tarification simplifiée, intégrant tous les modes transport utilisés, du TER (train) au Véloloc de Twisto, en passant par le Tramway.
Peut-il avoir d’autres usages ?
Le commerce de centre-ville ne peut se passer de livraisons. Les déplacements liés au transport de marchandises en ville représentent 15 à 20 % des flux.
Aussi des expériences de Tram-fret sont tentées, à partir de rames spécialisées dans le transport de marchandises. Elles reposent sur un diagnostic des enjeux de la logistique, sur l’agglomération et le centre-ville, et une concertation avec les acteurs concernés : transporteurs, commissionnaires de transport, grossistes, commerçants, artisans, entreprises …
https://www.ademe.fr/engagement-volontaire-faveur-logistique-urbaine
Cette question a reçu un encouragement par la CEE avec la mise en place du projet InTerLUD (Innovations Territoriales et Logistique Urbaine Durable), retenu par le gouvernement en 2020 et financé à 50%. Rejoignons le !
Pour tout contact : www.interlud.green ou interlud@cerema.fr
En détail : 1 pièce à CAENviction
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Impact gratuité sur le réseau Twisto